Par thierrydeparis
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recit gay

Après avoir échappé à l’indigestion de chocolat et après toutes ces promenades, je fus bientôt obligé de reprendre les cours. Cela ne m’enchantait guère, mais je me débrouillais assez bien en cours, aussi bon en math qu’en français. Si c’est de la joie que je ressentais en retrouvant mes amis, elle disparut aussitôt dans la longueur assoupissante d’un cour de math. Mon professeur semblait avoir la mâchoire complètement déboîtée car il parlait lentement sans articuler. Sa mollesse fut contagieuse car je ne tardais pas à m’évader, laissant mon esprit divaguer. Je fixai avec attention la nuque du garçon qui était devant moi. L’un de ceux qui se croient diablement populaire et dont tous les gestes sont emplis de prétention. D’habitude, cela m’énervais, mais j’adorai m’imaginer en train de l’embrasser, caressant langoureusement sa nuque, même si je doute que je l’aurais fait s’il me l’avait proposé !  

 

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 L’ennui algébrique céda la place au sport. C’est entassés dans un petit vestiaire qui sentait le fauve que nous dûmes nous changer. De mon côté, mettant mes habits avec vitesse pour ne pas que l’on voit mon corps chétif, je jetais des petits coup d’oeil autour de moi. Je me voulais discret, mais je ne devais pas toujours l’être compte tenu des regards qu’on me lançait. Lorsque je voyais les muscles bien dessinés d’un torse ou la plus ou moins légère bosse qui arrondissait les caleçons, un éclair de désir me parcourait, et la chose qui dormait entre mes jambes prenait soudain de la vigueur. Ce secret, je ne l’avais dit à personne et j’étais très gêné lorsque l’on abordait avec moi ce sujet délicat, si bien que je m’étais inventé des copines. Sûrement pour apaiser ma conscience, je les imaginais à partir de faits réels. Par exemple, lors de ma petite enfance, en vacances, une petite fille m’avait embrassé sur la bouche.

 

Et bien cet enfant était devenu l’une de mes petites amies que j’avais eu sur la côte d’azur (bien sûr, je ne mentionnais pas son âge). Cet engouement pour les personnes de mon sexe me terrorisait, je ne voulais pas être gay. Comment l’annoncer à mon père qui ne ratait pas la moindre occasion pour dire des moqueries blessantes ? Dans ces cas la, soit je rigolais avec lui, mais d’un rire jaune, soit je me rabaissais et attendais qu’il finisse. L’homosexualité représentait pour moi un plaisir interdit, quelque chose qui pouvait être fabuleux, mais que l’on n’avait pas le droit de toucher. Le soir, dans mon lit, pris par un désir incontrôlable, je me masturbais en pensant à des hommes, mais aussitôt soulagé, je me sentais sale. Sale de ma nature, des odieuses scènes que je me représentais. Seulement, le désir ne tardait pas à revenir…


 À la récréation, je vis jouer dans la cour mon voisin, ce Thomas. Donnant un coup de coude à l’un des mes amis, Nicolas, je lui demandai :
 - Tu vois, ce gars là-bas, c’est mon voisin. Est-ce que tu le connais ?
 - Malheureusement oui, me répondit-il. Une vraie tête à claque.
 - Sais-tu comment il s’appelle ? Et oui, je n’avais pas pensé à lui demander son nom.
 - Non, je crois que je l’ai oublié. Désolé.
 N’abordant pas plus la question, je n’abordai plus le sujet. Thomas, bien qu’il ne fut qu’en cinquième, mesurait presque ma taille, il était large d’épaule, ce qui dénotait d’une grande force physique. Ses cheveux étaient à mis chemin entre le brun et le blond et son visage affichait un air joyeux et immature. L’idée de nouer des liens d’amitié avec lui ne m’avais même pas effleuré l’esprit, je n’avais pas besoin de plus d’ami. J’avais passé de nombreuses années seul, avant de rencontrer l’an passé deux garçon, Nicolas et Frédéric, le premier étant un peu béta, mais tout à fait adorable et le second intelligent, mais sans la moindre motivation pour le travail. Jamais, je n’aurais osé leur avouer cette honte qui me serrait la coeur : mon orientation sexuelle. S’ils l’avaient su, ils m’auraient délaissé et si j’avais encore pu rester avec eux, ils auraient interprété différemment chacun de mes gestes. Je m’étais moi-même condamné au silence, redoutant le moment où mon secret s’exposerait au grand jour.


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